En 2020, je vivais seule. Enfin, pas tout à fait, je vivais avec Celtic, mon chien de 10 ans qui m’accompagne dans la plupart de mes déplacements, autant que possible. Je vivais dans une petite maison, dans une petite rue, dans un petit village du Lot. Je louais cette maison semi-meublée : elle était en pierres, avec des poutres, du parquet, et quelques meubles et éléments qui ne m’appartenaient pas, mélangés aux miens. La maison avait un intérieur plutôt rustique, ancien, mais fonctionnel et qui avait son charme. Je m’y sentais bien, et j’y ai passé les confinements établis par le gouvernement durant cette crise sanitaire liée à la pandémie de covid-19.
J’ai habituellement une vie sociale très active. Mais j’étais dans un moment de ma vie où la solitude n’était pas pesante, bien au contraire. Après quelques jours où j’ai ressenti des symptômes de stress, plus liés aux informations répétitives et anxiogènes, j’ai finalement accueilli le confinement avec un état d’esprit positif : après plusieurs épreuves personnelles, c’était le bon moment dans ma vie. Cette solitude m’a aidée à me ressourcer, à prendre soin de moi, à me reposer, à apprendre, me cultiver et créer. Une certaine routine s’est évidemment installée : le travail, les promenades du chien, le ménage, la cuisine, le film du soir avec un chocolat chaud, les courses, la lecture. Tout ce que je fais déjà au quotidien en temps normal, mais, cette fois-ci, sans l’imprévu de sorties entre amis, de restaurant, de cinéma, d’échange. La vie dépouillée des petits extras qui la pimentent.
Mais en y regardant de plus près, cette routine était à la fois répétitive et jamais identique à la veille : l’état d’esprit, la météo, les rencontres avec les voisins, les appels avec la famille et les amis, le week-end peinture dans la maison que je venais d’acheter, étaient devenus les petits événements qui la bousculaient. J’ai rééquilibré alors la balance des émotions : pas besoin de grands évènements pour les ressentir. Bien sûr, cette routine n’était pas non plus exempte de coups de blues, de déprimes, de nostalgie, d’envie de voyage, de fêtes et de rencontres. D’ennui aussi parfois.
C’est ainsi que je me suis émerveillée d’un rayon de soleil par la fenêtre, d’un fou rire avec une amie au téléphone, d’un livre que je dévorais, d’un gâteau que je me préparais rien que pour moi, d’un documentaire ou d’un film qui me nourrissait. Et, de temps en temps, j’ai enfreint la loi, raisonnablement, pour dîner avec des amis.